Histoire de notre paroisse

Selon l'histoire, Châtel St Denis a déjà été habité dans l'ère avant Jésus-Christ par les Gaulois, puis, dès le premier siècle, par les Romains. Ces derniers construisent des routes et développent le commerce de la contrée. Puis les Germains envahissent la région et, après la mort de Charlemagne, qui marque aussi la fin de son empire, la région est divisée en plusieurs territoires répartis entre les nobles de l'endroit.

Châtel St Denis est alors attribué à la seigneurie de Fruence. Les sires choisissent le lieu nommé aujourd'hui Vieux-Châtel, situé à proximité de la Veveyse, sur un promontoire dominant l'entrée de la région, pour y édifier leur château qui occupe ainsi une position stratégique. A cette époque, la famille des Seigneurs de Fruence est riche et puissante.

Mais dès 1220, les expéditions guerrières et les croisades appauvrissent cette famille et marquent l'amorce du déclin. Ruinée enfin, elle doit se résoudre à se défaire de tous ses biens au profit du comte Pierre de Savoie et, finalement, à vendre sa seigneurie au bailli du chablais qui agissait au nom d'Amédée V de Savoie.

Le comte Amédée V de Savoie ratifie cet achat le 18 avril 1297 et, d'emblée, manifeste son intention de fonder une nouvelle ville. Abandonnant l'emplacement escarpé du Vieux-Châtel, il fait construire un nouveau château et prend toutes dispositions utiles pour inciter la population à s'installer dans la nouvelle citée.

En 1513, le château et la seigneurie sont vendus à l'Etat de Fribourg. Après la conquête du pays de Vaud en 1536, la suzeraineté de Châtel revient définitivement à l'Etat de Fribourg.

Dans la liste des églises du diocèse en 1228 que nous a conservée le Cartulaire de Lausanne, le siège de la future paroisse de Châtel St Denis est encore à Fruence, dont un curé, Hugo est d'ailleurs connu par un acte un peu plus ancien ( entre 1175 et 1181). Fruence est aujourd'hui un hameau presque soudé à Châtel.

Au point de vue ecclésiastique, ce transfert s'était déjà accompli un quart de siècle plus tôt, à s'en tenir aux listes qui, à partir de celles de 1275 (avec exceptions toutefois), indiquent Châtel et non plus Fruence comme siège de la paroisse. Le droit de patronat appartenait au prieuré de Lutry, qui l'a conservé jusqu'à sa suppression en 1536. L'Etat de Fribourg l'a exercé ensuite pendant quelques années ; puis, en 1580, le nonce Bonhomini incorpora Châtel St Denis au Chapitre de St-Nicolas qui l'a gardé à son tour jusqu'en 1873.

L'église primitive, qui se trouvait vraisemblablement à proximité immédiate du château des seigneurs de Fruence, aura été abandonnée et remplacée par un sanctuaire édifié au centre de la nouvelle agglomération : à Châtel St Denis. C'est au même endroit que se sont encore succédés deux églises paroissiales : l'une construite au cours des années 1630 et suivantes, que Mgr de Watteville consacra le 17 novembre 1635 ; puis, pour remplacer ce sanctuaire devenu insuffisant, une nouvelle église qui fut commencée en 1786, terminée déjà l'année suivante et consacrée en 1796.Une fois de plus, malheureusement, on l'avait faite trop petite, si bien que, déjà en 1808, on parlait de l'agrandir. Ce ne fut toutefois que soixante ans plus tard que Mgr Marilley, un enfant de Châtel, put enfin, à la suite d'instance renouvelées, poser, le 15 avril 1872, en dessous du château, la première pièce d'un édifice nouveau que le même évêque eut la joie de consacrer, le 9 octobre 1876.

C'est la vaste église paroissiale actuelle, due à M. Fraisse, architecte, animée par l'âme de l'entreprise, M. le curé Comte, qui, de l'esplanade légèrement décapée sur laquelle on l'a placée, domine de sa masse imposante le chef-lieu de la Veveyse. Ses dimensions sont conséquentes. La longueur extérieure mesure 60m ; la longueur intérieure de la nef, 41m ; la largeur, 22m10. La longueur totale du chœur mesure 13m05 et la largeur 10m90. La hauteur intérieure de la grande nef est de 18m. Le vide est estimé à 15'000 mètres cubes environ. La hauteur de la flèche est de 70m. La croix qui la domine mesure plus de huit mètres. A sa construction, l'église, en pierre de taille, est néo-gothique jusque dans les moindres détails. Un escaliers monumental conduit aux trois portes d'entrée. L'intérieur, en molasse, est très élancé. Les quatre autels latéraux et la chaire sont en pierre blanche et ressortent vivement sur le fond gris-vert des murailles. Les statues de la chaire ont été sculptées par M. Meyerlin d'Altkirch, tandis que les chapiteaux, le tympan du portail principal et le saint Denis du frontispice sont l'œuvre de M. Jeunet d'Estavayer. Les stalles et les confessionnaux sont de Théophile Klem, artiste alsacien, de Colmar.

L'orgue de l'ancienne église fut transféré dans la nouvelle. Mais quatorze ans plus tard, soit le 26 septembre 1890, lors d'une réunion commune des conseils communal et paroissial, on décida l'acquisition d'un nouvel instrument. L'orgue de Châtel, sous les tuyaux de montre, annonce la date de 1892. Il fut offert par la famille bienfaitrice de l'hôpital Monney, en souvenir d'une " pieuse fille " décédée (une dédicace est inscrite de manière très visible et style XIXéme s.) l'orgue de Châtel n'a pas été " touché " c'est-à-dire n'a pas subi de changements notoires depuis l'époque de sa construction et de sa pose à la tribune de l'église. Il possède 1512 tuyaux dont 26 jeux avec 54 tuyaux par jeu ; 32 tuyaux à la pédale. Chaque jeu possède un timbre différent. Les tuyaux en métal sont, pour ceux de cette époque, en étain, ce qui permet un son plus clair. On trouve ici des tuyaux en étain, plomb, bois. L'orgue possède des jalousies pour nuancer. Il existe quatre rangées de tuyaux de différentes hauteurs, certains de plusieurs mètres de haut. Une particularité des grandes orgues de l'église sise à Châtel St Denis : un jeu de clarinette qui serait unique dans la région de Suisse romande et probablement même dans toute la Suisse.

Les cloches ont été, de tous temps, chères au cœur des châtelois.

En 1588, un écrit trouvé à la cure par M. Chatton, vicaire de Châtel, dit : les trois cloches ont été baptisées à Châtel, par l'abbé d'Hauterive, le 6 octobre 1588. La plus grande s'appelle Marguerite, du nom de la marraine, femme du châtelain Bourgknecht. La seconde Claire, du nom de la marraine, soit la femme de Vincent de St Bernard. La troisième Laurette, la marraine était la fille de M. le lieutenant Boucquet, l'écrit était signé : Dionisius Berman, curé à Châtel. La grande fut fêlée la même année. Il est probable que ces trois cloches furent conservées jusqu'en 1788, soit jusqu'à la construction de l'église. A cette date, on ouvrit une souscription qui produit une somme importante pour l'achat de nouvelles cloches. Trois cloches furent coulées à Bulle par M. Drufet :c'était la grande, la troisième et la quatrième de l'ancien beffroi ; elles furent bénites le 30 janvier 1790, dans la nouvelle église par D. Blanc, curé d'Attalens. Le curé Déglise fut parrain de la grande avec Madame Marie-Madeleine Genoud. Une nouvelle cloche fut coulée eu 1876 par M. Tréboux, à Vevey ; c'est la plus grande du beffroi ; elle donne le Si bémol. Parrain : M. Ignace Genoud et Marie Pilloud, marraine.

Jusqu'à ces derniers mois, la cloche conservée de 1588, a sonné l'Angélus. Cependant, son rôle prendra fin, lors des travaux de restauration du clocher en automne 2009, dans le but de préserver ce beau patrimoine.

Dès 1936, l'église de Châtel a connu des restaurations dictées également par le climat. Il a fallu enlever, au bas de la toiture,les pignons qui correspondaient à chacun des contreforts. On a dû procéder au remplissage de la dentelle de pierre de la flèche, entre autre.

Dès 1954, commence la première étape de la restauration intérieure de l'église sous la direction de M. Casimir Chillier, architecte. St Denis, premier Evêque de Paris, martyrisé à Montmartre vers 250 après J.C. est notre saint patron. La légende veut qu'après sa décapitation, il se dirigea lui-même vers le lieu de sa sépulture en portant sa tête dans ses mains. C'est dans le cimetière Gallo-romain de Catolacus ( aujourd'hui St Denis ) qu'il fut enterré.

St Denis est fêté, dans notre paroisse, le deuxième dimanche d'octobre. Châtel-St-Denis est situé au bord des Préalpes fribourgeoises à 810 mètres d'altitude. La localité est traversée par la Veveyse de Châtel qui prend sa source dans le massif de la Dent-de-lys pour rejoindre le lac Léman à hauteur de Vevey. La localité se trouve sur la ligne de partage des eaux qui voit celles-ci se diviser pour rejoindre le Rhône et le Rhin via la Veveyse et la Broye. La Dent-de-Lys est le point culminant de la commune à 2014 mètres d'altitude. E.D. Ouvrages de références : Mgr Waeber, Eglises et chapelles, ct. Fribourg - fascicule correcteurs imprimerie 09. Copies de photos anciennes, M. Kehren, photographe.